Poèmes rédigés peu après ma psychose
Avant d’être avalée
Telle le centre d’une rose
Je dépose cette pensée
En moi le calme d’une tempête
Qui n’était nul autre que dans ma tête
J’avais pour armes mes larmes
Salées comme des roches en bord de mer
Je laisse mes chimères par terre
Là où coule le sang des mal aimés
Le train a passé sur le jardin de celui que j’ai aimé
La vie en aura voulu ainsi
Les sirènes chantaient et mon cœur battaient.
J’ai demandé que le rêve revienne
Que la voix des sirènes résonne à nouveau
Dans mon cœur
Pour mon cœur.
Dans la danse des tourmentes
J’ai perdu mes souliers
Ils étaient blancs de neige
Ils brillaient d’un flocon d’argent.
Tant pis je danserai pieds nus
Que mes pieds caressent le sol
Mes orteils arrachant l’herbe qui pu
Salie de ces mégots de cancer
Il y avait un monde de fées
Elles se berçaient près d’un ruisseau doré
Je sais qu’elles aimaient les papillons
Papilles ions.
Tu n’étais plus ma mère
Tu n’étais plus mon père
Je vivais dans un paradis perdu
Seule et bien de mal
Mais mon âme était perchée dans l’arbre de la vie
Elle connaissait le chemin du retour.
Ce n’est pas nous les fous
Ce sont les machines à tout comprendre
Par la géométrie du savoir froid
Mon guide à moi est l’intuition
Un don de l’âme étoile
Montée haut
Plus haut que le ciel
Perdue dans les étoiles
Le cosmos m’a avalé de sa grande bouche noire
Un soir à l’hôtel du Mont-Gabriel
Avec l’amour comme boussole
J’ai retracé les cailloux blanchis par un soleil ardent
Je ne suis pas Gretel
Mais ma peau est sur mes os
Et je suis au cachot.
J’ai mis un trait sur mon été
Une trace de doigt
Dans ma ligne de vie
Il a regardé ma main
Et j’aurais deux enfants
Patience qu’ils me disent
Nous sommes une famille
Les cinq personnes que l’on rencontre au paradis
Ils mangent le menu empoisonné
D’un manque de budget et de temps
Tout roule vite en dehors
Ici c’est la lenteur de notre mauvais sort
Nos corps se sont connus
Par le fragment d’une nuit d’été
Où je t’ai avoué
N’avoir de yeux que pour toi
À l’aube je t’ai cherché
J’ai aussi cherché une raison d’exister
Perdu au beau milieu de la nuit
J’y croyais encore mais je me suis endormie.
Un moment j’ai pensé quitter
Les lumières étaient halo
Je voyais la fin approcher
M’envoler comme un ballon d’hélium
Mais j’ai pris une douche froide
Le mal est venu me rejoindre dans ma chambre 105
J’étais seule mais puissante
Ils criaient en dehors de la nuit
Je leurs ai dit de se taire
De ses peintures d’artistes il ne comprenait rien
C’est mon cœur qui lui parlait
On est patients parce que l’on devient patients
À s’en mordre les dents
On attend
Que le mieux nous visite
Que le mieux nous visite
Mais le mieux est parfois occupé
À tresser la vie des autres
À dresser la vie des autres
Pensant que c’était la voie de la guérison
Je me suis déshabillée devant un inconnu
Le docteur m’avait prescrit
Les mauvais bonbons
Dans cette tourmente
J’aurai perdu des amis
Ceux qui restent
Sont ceux qui restent vraiment
On aurait dit dieu
Mais c’était un préposé
Une chance qu’il fût là
Pour me rappeler le soleil
Je marchais à reculons
J’ouvrais et je fermais
Je me méfiais de tout
J’étais en psychose.
J’avais peur du ciel
Quand l’orage approchait
Mais je me disais que l’eau nettoyait les rues sales.
Elle me disait de danser
Ambre à mon cou
Sexual healing à mes oreilles
Le doc Mailloux me laisserait partir
Ces nuits à parler de toi
Sonner l’alarme de ta joie
Ils ne comprenaient rien
Salle d’isolement.
L’eau du poison
Le cœur a ses raisons
Jus de pruneau
Pour la boule que j’avais dans l’estomac
Vide de sens.
Je ne suis pas malade
J’ai juste trop de fleurs dans ma tête
C’est la société qui souffre
À nous prendre pour des fous
Mais ce n’est pas nous les fous.
Café empoisonné
D’un passé imprégné
Je ne voyais pas la bienveillance
J’étais sous surveillance.
Le passé sert à comprendre
Le présent qui sert à choisir les couleurs
Du futur pour notre cœur
Sorcière des temps modernes
Une seule conscience
Je navigue dans les autres dimensions
Armée de mon cœur à la main
Sonner l’alarme pour qu’ils nous entendent
Nous sommes prisonniers de cette unité
Salle d’isolement.
Odeur de bois satiné
Je ne veux pas prendre cette pastille chimique
Je la transforme en poussière d’étoile
Que je saupoudre dans la toilette.